Comprendre la misophonie : quand les bruits deviennent insupportables

La misophonie, ou plus communément appelée « l’aversion pour le bruit« , est un état chronique conduisant la personne concernée vers une qualité de vie amoindrie. Chaque bruit du quotidien devient insupportable, que ce soit un clic de stylo, un mâchement régulier, ou encore des bruits nasaux ou gutturaux. Les sons impliqués dans l’inconfort sont toujours répétitifs, déclenchant une réaction instinctive de dégoût, d’aversion, voire de colère. Pour accompagner au mieux les personnes, il est essentiel de mieux comprendre la misophonie, et plus encore, d’apprendre à reconnaître ce trouble au plus tôt.

Origines et manifestations de la misophonie

La misophonie, comme bien des états chroniques, n’apparaissent pas du néant. Tout trouble possède une origine et certaines manifestations spécifiques.

 

Les facteurs prédisposant

Ce trouble de l’audition peut toucher différents profils de personnes, les études menées à ce sujet ont permis de mettre à jour certaines prédispositions. Le risque de développer une misophonie est plus élevé en présence de :

  • TOC,
  • syndrome de Tourette,
  • dépression,
  • troubles du comportement alimentaire,
  • anxiété.

Manifestations et déclencheurs

Lorsqu’une personne est atteinte par ce trouble de l’audition, avec ou sans port de prothèse auditive, cette dernière subit alors de plein fouet les effets de la misophonie :

  • réactions vives : irritabilité, anxiété, colère, répulsion, dégoût extrême,
  • hurlements incontrôlés,
  • vomissements,
  • pleurs incontrôlés,
  • mise en place de stratégies d’évitement,
  • comportements agressifs (plus rares).

Pour comprendre comment se déclenche ce trouble de l’audition, il faut entreprendre un voyage vers le cortex insulaire inférieur. C’est dans cette zone cérébrale que les capacités de la personne à gérer les bruits environnants, ainsi que son attention, sont altérées.

Diagnostic et prise en charge

À proprement parler, il ne s’agit pas d’un trouble de l’audition classique. Ici, il ne s’agit pas vraiment d’une défaillance physique que l’on peut rectifier à l’aide d’une prothèse auditive classique. Toutefois, c’est souvent au cours d’un bilan avec un audioprothésiste, en centre auditif, que le sujet est soulevé. Après avoir réalisé différents tests, avec et sans appareil auditif, l’audioprothésiste de votre centre auditif peut vous orienter vers une prise en charge adaptée. Une fois le diagnostic posé, l’accompagnement est psychothérapeutique.

 

Vivre avec la misophonie et s’adapter

À l’instar d’une phobie, ce trouble auditif ne peut se résoudre par le simple port d’une prothèse auditive. Habituellement, celle-ci vient corriger une diminution de l’audition et, ce faisant, améliore considérablement la qualité de vie de la personne. Pour le trouble en lui-même, votre audioprothésiste ne peut agir seul. Un psychothérapeute, par contre, peut vous aider à canaliser les effets, ainsi que vos émotions. Vivre avec, c’est possible.

Impacts sur la vie quotidienne

Le sujet est fréquemment évoqué lors d’un passage en centre auditif, à l’occasion d’un bilan ou d’un remplacement de prothèse auditive. La personne atteinte fait alors état à son audioprothésiste d’une dégradation de son quotidien :

  • multiplication de réactions émotionnelles trop intenses,
  • diminution des capacités de concentration,
  • impossibilité de se détendre en cas d’exposition à des bruits répétitifs,
  • besoin irrépressible de prendre la fuite,
  • détresse intense et panique,
  • pulsions plus ou moins violente pour faire taire la personne bruyante ou faire cesser le bruit.

Adaptation

Il existe plusieurs niveaux d’atteinte, mesurés à l’aide de l’Amsterdam Misophonia Scale. Dès lors, un accompagnement personnalisé est mis en place pour aider la personne à gérer la gêne occasionnée, aussi bien que ses émotions. Ce cheminement peut être complété avec des solutions simples :

  • écoute de bruits blancs,
  • écoute de musiques relaxantes ou de sons apaisants,
  • méditation et relaxation,
  • prévenir ses proches,
  • commencer une activité plaisante,
  • chercher des causes sous-jacentes.

Quelle perspective d’avenir ?

D’importantes recherches sont actuellement menées sur le sujet, notamment dans le domaine de la génétique. De nombreux antécédents familiaux ont soulevé la question de l’hérédité. Mieux cerner les causes de ce trouble conduirait à un accompagnement encore plus efficace des personnes atteintes.